La mode psychédélique était un mouvement emblématique des années 1960. Bien qu’elle ait finalement été adoptée, et dans une certaine mesure de manière opportuniste, par pratiquement tous les courants de la mode et de la création, il serait difficile d’isoler un seul créateur, voire un groupe de créateurs, à qui l’on pourrait attribuer son invention ou sa promotion.

Néanmoins, l’intérêt psychédélique pour la lumière et l’environnement global a atteint son paroxysme en 1966, à la boutique manhattanienne Paraphernalia, lorsque l’ingénieure électricienne Diana Dew a conçu une robe en vinyle qui s’allumait sur commande. Un potentiomètre miniaturisé, fixé à la ceinture de la robe, réglait la fréquence des cœurs ou des étoiles clignotants, qui pouvaient être synchronisés avec le rythme palpitant de la bande-son disco. La même année, Yves Saint Laurent a apporté lumière et couleur psychédéliques aux symboles désincarnés du pop art avec une robe de mariée ornée d’une fleur incandescente, animant le traditionnel final du défilé.

La sensibilité psychédélique était essentielle à la seconde phase du vocabulaire de la mode des années 1960, s’éloignant des caractéristiques plus épurées et plus brutales de la mode mod. Elle était en phase avec l’absorption du lexique folklorique et tribal, l’expérimentation des jeux de rôle et la construction de personnages, rendue possible par les costumes improvisés adoptés par les cultures de la jeunesse et répandus dans l’ensemble de la population occidentale. Ces tenues inédites devaient certainement quelque chose à la fantasmagorie des visions acides. Tribal et psychédélique convergeaient avec les motifs mouchetés des tissus africains et indonésiens, les taches phosphorescentes et les averses de tie-dye.

Série complète de photos du numéro d’octobre 1967 du magazine Paris Match sur la mode psychédélique à Londres. Photos de Philippe Le Tellier.

(Photos by Philippe Le/Paris Match, via Flashbak)