“Les dernières 48h ont été terribles. Le 9 novembre à 10h du matin, on faisait une attaque terrible dans la plaine de la Woëvre. Nous y laissons les 3/4 de la compagnie, il nous est impossible de nous replier sur nos lignes ; nous restons dans l’eau 36 heures sans pouvoir lever la tête. A 9h du matin le 11, on vient nous avertir que tout est signé et que cela finit à 11h, deux heures qui parurent durer des jours entiers. Enfin 11h arrive; d’un seul coup tout s’arrête, c’est incroyable.”
Lettre de Eugène écrite à ses parents le 13 novembre 1918
“J’étais la seule femme au sein de ce groupe FTP. J’ai participé à un sabotage de voie ferrée en juin 1944 et le 20 août 1944, durant les combats de la Libération, à Thivars, j’ai pris part à la capture de 24 soldats allemands. C’est à cette occasion que j’ai récupéré la mitraillette allemande avec laquelle je pose à Chartres devant les journalistes lors de la venue du général de Gaulle, le 23 août 1944.”
Souvenirs de Simone Segouin. Elle est décédée le 21 février 2023 à l’age de 97 ans.
Sur une plage à Hyères en 1946, la vie redevient progressivement “normale”. Les cicatrices de l’occupation allemande sont toujours présentes. Les autorités travaillent jour après jour pour neutraliser les 13 millions de mines tapies dans le sol national.
“Le 2 septembre 1944, j’ai vu passer des Tractions Avant avec des FFI munis de mitraillettes. Ils fonçaient vers la Belgique. Les trottoirs étaient déserts. Les gens étaient encore sous le choc de l’Occupation. À leur passage, des FFI sont venus voir mes parents pour qu’ils leur prêtent un vélo. Ma mère a accepté. Et quelques jours plus tard, ils sont venus le lui rendre !”
Souvenirs de Jacques Raes originaire de Wattrelos (14 km de Lille). Il avait 11 ans à la Libération.
Écrit au dos: “29 juillet 1917. Cher papa, voici une photo. Les trois gars au premiers rang reviennent tout juste des tranchées. Notre tour viendra ensuite. Ce sont tous de bons gars. J’espère que tu vas bien… pas mal de pluie ici ces derniers temps. J’écrirai plus tard. Ton fils, James”.
Cette carte a été écrite par le Lieutenant canadien James Moses. Transféré plus tard dans l’aviation, il est tué au combat dans le ciel d’Arras le 1er avril 1918.
«26 avril 1943 – J’ai longuement écouté un prisonnier français, le lieutenant Roger Penes originaire de Constantine. Avant la guerre, il était vendeur de matériel dentaire. Un autre officier nous a rejoint, un professeur de gym de Constantine. Je ne peux m’empêcher de me méfier d’eux car ils disent que nous devons nous méfier de quiconque arbore la Croix de Lorraine. Pourtant, je sais qu’il s’agit de l’emblème de De Gaulle. Je crois que ces deux types ne sont que des traîtres.»
Journal du capitaine américain Tony Lumpkin, capturé par les Allemands quelques semaines auparavant en Tunisie. Il est interné dans un camp en Italie et va bientôt être transféré dans un Oflag en Pologne.
Au milieu des ruines de Dompierre (Somme) en juillet 1916.
«C’est en Allemagne, et surtout à Berlin, que nos soldats ont commencé à s’interroger sur la raison pour laquelle les Allemands nous étaient tombés dessus aussi soudainement. (..) Nos hommes ont vu les riches villas de la bourgeoisie berlinoise, le luxe incroyable des châteaux, des propriétés et des hôtels particuliers. Et des milliers de soldats, regardant autour d’eux, répètent cette question pleine de colère : Pourquoi sont-ils venus chez nous ? De quoi avaient-ils besoin ?»
Souvenirs de Vassili Grossman. Il assiste à la bataille de Berlin en avril et mai 1945 au sein de l’armée soviétique. Il écrit des articles pour le journal “Krasnaïa Zvezda” (L’Étoile rouge)
Quelque part sur une route en Bavière fin avril 1945, une unité française rencontre ces deux jeunes déportés, survivants d’un camp de concentration nazi. On peut distinguer un triangle cousu sur le costume rayé. Ce sont probablement des prisonniers politiques.
“L’ennemi allemand vient de capituler devant les armées alliées de l’Ouest et de l’Est. Le Commandement français était présent et partie à l’acte de capitulation. Dans l’état de désorganisation où se trouvent les pouvoirs publics et le commandement militaire allemands, il est possible que certains groupes ennemis veuillent, ça et là, prolonger pour leur propre compte une résistance sans issue. Mais l’Allemagne est abattue et elle a signé son désastre !”
Discours radiodiffusé du général de Gaulle le 8 mai 1945.
“D’après le Général Duval, les troupes, pendant l’action contre les émeutiers, ont pu tuer de 500 à 600 indigènes. À Sétif, il est impossible de connaître le chiffre des musulmans tombés du fait de la police ou de la gendarmerie, certains disent 20, d’autres 40. Les décès n’ont pas été déclarés par les familles. La Commission a reçu l’ordre de revenir à Alger alors qu’elle s’apprêtait à partir à Guelma. Elle ne sait donc pas comment la répression s’est exercée dans cette ville. Elle peut seulement faire part d’une émotion généralisée dans les milieux musulmans qui prétendent que les européens de Guelma ont exercé des représailles sanglantes et des vengeances personnelles, en arrêtant et exécutant, sans discernement, alors que les combats avaient cessé, 500 ou 700 jeunes indigènes.”
Extrait du rapport de la Commission d’enquête sur les événements de Constantine publié le 26 mai 1945. Le général Paul Tubert en est le président.
Une photographie exceptionnelle et rare d’un tireur d’élite français pendant la Première guerre mondiale. Le cliché a été pris par le médecin militaire Camille Dujarier du 110e régiment d’infanterie. Le tireur est armé d’un fusil Lebel équipé d’une lunette APX.