Les Héros Oubliés : Histoires et Images des Soldats Français d’Autrefois (Partie 33).H
“Les prisonniers allemands avouent des pertes énormes ; ils paraissent tout heureux de s’être rendus, mais ils ont eu d’abord une peur terrible d’être fusillés. Leurs officiers, nous disent-ils, leur racontent que nous tuons nos prisonniers et qu’ainsi ils ont intérêt à se battre jusqu’au dernier. Nous leur prouvons le contraire en étant aussi bons que possible avec eux. Le commandant et moi leur avons donné des cigarettes. On peut haïr la nation et ses chefs, mais ces soldats, pris individuellement, n’ont fait qu’obéir. Des êtres qui au contraire ne savent inspirer aucune pitié, ce sont les officiers ; la plupart sont arrogants à gifler.”
Journal du capitaine André Cornet-Auquier. Il est grièvement blessé dans les Vosges et meurt à l’hôpital le 2 mars 1916 à l’âge de 28 ans.
« Trois fois par jour, on envoyait des bandes pittoresques de braves gars chargés de nous apporter du pain. Ils étaient également chargés de bidons de deux litres contenant du café, du vin, de la gnôle , bien entendu. Les distributions se faisaient dans la tranchée même . Dans les moments durs, de pauvres types buvaient dès le réveil, d’un seul coup , le café, le vin et la gnôle . Maintenant je peux crever, c’est toujours ça que les boches n’auront pas ! »
Souvenirs de Louis Maufrais, Argonne, 15 février 1915
“Forceville (Somme), 15 juin 1915. Cinq prisonniers boches et blessés français au combat d’Hébuterne; Pas-de-Calais”
Telle est la légende d’origine de cette photo prise par le Maréchal des Logis Auguste Diguet.
“Sur le trottoir d’en face, rasant les murs, des soldats allemands apparaissent. Hémart, Rioux et Puiroux n’attendaient que cet instant pour entrer en action. De nouveaux tonnerres se déchaînent: des douilles vides, fumantes encore, heurtent les cloisons et roulent, inertes, à nos pieds. Entre les mains des tireurs, les F.M. s’animent et bondissent. Devant les fenêtres closes, des grenades éclatent dans une gerbe de lumière et de bruit.”
Souvenirs de Pierre Tisseyre. Il relate la bataille de Formerie dans l’Oise, début juin 1940. Isolés, lui et ses camarades résistent trois longues journées à l’attaque allemande
« Enfin, nous voici en route pour le front. Le convoi de renfort dont je faisais partie était fort gai. J’entends encore comme si j’y étais, le sergent Dusseau, le sergent Bourguignon et le caporal Cassagne, chanter tout leur répertoire. Les braves garçons ! Tous trois sont tombés en Alsace, et les dernières paroles du caporal Cassagne valent d’être citées: “Je ne profiterai pas de cette grande lutte.. mais c’est pour la liberté de mes enfants.” »
Témoignage de François Courtinade, combattant au sein d’un bataillon de chasseurs alpins en 1914. Il était chef pâtissier avant la guerre
” La France, injustement provoquée, n’a pas voulu la guerre, elle a tout fait pour la conjurer. Puisqu’on la lui impose, elle se défendra contre l’Allemagne et contre toute puissance qui, n’ayant pas encore fait connaître son sentiment, prendrait part aux côtés de cette dernière au conflit entre les deux pays. “
Discours de René Viviani, président du Conseil, le 4 août 1914.
Le 18 décembre 1918, les troupes françaises occupent la ville ukrainienne d’Odessa et annoncent qu’elles défendront la cité portuaire contre les bolchéviques. Cette aventure militaire se solde par un fiasco retentissant. Les soldats français quittent la zone fin mars 1919.
“Bien Chers Parents. Je vous fais cette petite lettre avant de partir au combat qui, j’espère, sera des plus bénins. Mais toute fois que sur mon corps on découvre cette petite missive et qu’elle vous parvienne, prenez-la pour un salut que votre fils et frère vous fait avant d’affronter le danger, et qu’elle vous soit un puissant réconfort, car j’y mets un peu de tout moi-même. Ce matin j’ai été à la messe et j’ai communié. Je demande au Très-Haut de vous protéger sur cette terre, mais, croyez votre fils et frère, ne mettez pas beaucoup d’attachement aux choses matérielles, nous sommes peu de chose sur cette planète.”
Dernière lettre de Paul Ripout, deuxième canonnier servant, tué à Juvincourt le 16 avril 1917.
“Bien Chers Parents. Je vous fais cette petite lettre avant de partir au combat qui, j’espère, sera des plus bénins. Mais toute fois que sur mon corps on découvre cette petite missive et qu’elle vous parvienne, prenez-la pour un salut que votre fils et frère vous fait avant d’affronter le danger, et qu’elle vous soit un puissant réconfort, car j’y mets un peu de tout moi-même. Ce matin j’ai été à la messe et j’ai communié. Je demande au Très-Haut de vous protéger sur cette terre, mais, croyez votre fils et frère, ne mettez pas beaucoup d’attachement aux choses matérielles, nous sommes peu de chose sur cette planète.”
Dernière lettre de Paul Ripout, deuxième canonnier servant, tué à Juvincourt le 16 avril 1917.
La loi sur « l’emploi obligatoire des mutilés » est votée le 26 avril 1924. Elle contraint les entreprises de plus de 10 salariés à employer au moins 10 % d’invalides de la Grande Guerre. Pour rappel, on estime en 1918 qu’il y a 600 000 soldats français invalides, 300 000 mutilés et amputés, 42 000 aveugles et
15 000 “gueules cassées”.
Sainte-Mère-Église, Normandie, juin 1946. Deux ans auparavant, les parachutistes de la 82e Airborne américaine descendaient du ciel en bataillons vengeurs .
« Un garçon du village était parti en reconnaissance et, en revenant tard le soir, il déclara au commandant du régiment qu’il avait repéré des Allemands. D’une voix enrouée il dit : « Donnez-moi de la vodka, je suis gelé. » Le commandant du régiment qui était alors en train de dîner en fut tout ému et commença à s’agiter : “Vania, bois donc un peu de vodka, Vania, un morceau de poulet.” Le garçon but, mangea le morceau de poulet et commença son récit. À ce moment-là surgit sa mère, qui lui flanqua une bonne raclée. Il s’avéra qu’il n’était allé nulle part et qu’il avait tout inventé. »
Souvenirs de Vassili Grossman, correspondant de guerre soviétique pour le journal Krasnaïa Zvezda (L’Étoile rouge) entre 1941 et 1945.